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Face à l'oubli : le patrimoine disparu en Charolais-Brionnais
Dun et Châteauneuf Dun et Châteauneuf Dun et Châteauneuf

Dun et Châteauneuf


Si l'ancien château de Dyo conserve plusieurs éléments en élévation, nombreux sont les châteaux médiévaux qui ont totalement disparus du paysage. Certains sont l'objet de spéculations, voir de fantasmes, véhiculés par des sources écrites largement postérieures, fondées sur d'autres sources auxquels les historiens actuels n'ont plus accès. Comment alors se rapprocher le plus possible de la vérité historique ? Exemples avec Dun et Châteauneuf.

Les deux sites ont une part d'histoire commune. La puissante forteresse de Châteauneuf semble avoir été construite dès le Xe siècle. Elle était aux mains des Le Blanc, vicomtes de Mâcon, une des premières grande famille seigneuriale attestée en Brionnais. Les Le Blanc possédaient également le Crozet, Bois-Sainte-Marie, Montmelard, Dun et des biens à Ambierle, Briennon, Noailly, Chenay et Tourzy. Cette famille décline rapidement. En 1239, Châteauneuf, ainsi que l'ensemble du comté de Mâcon, sont rachetés par le roi de France Louis IX. Le château de Dun a lui aussi été construit par les Le Blanc au XIe siècle, lors de l’expansion de leur aire d’influence. Ils y installent un de leurs vassaux. Après la ruine des Leblanc, dans le premier tiers du XIIIe siècle, ce château - beaucoup plus modeste qu'on ne l'a dit - est abandonné à son sort et ne fait plus parler de lui avant longtemps.


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  • Vue du village au début du XXe siècle (avec emplacement de la motte castrale) - © Archives départementales 71 Vue du village au début du XXe siècle (avec emplacement de la motte castrale) - © Archives départementales 71
  • Copie d'un plan de 1752 avec la motte castrale de forme circulaire, entourée de son fossé, et la place d'armes quadrangulaire au bas de celle-ci (H. de Chizelle, Les engagements de la Couronne à propos de la découverte du trésor de Châteauneuf, 1984) Copie d'un plan de 1752 avec la motte castrale de forme circulaire, entourée de son fossé, et la place d'armes quadrangulaire au bas de celle-ci (H. de Chizelle, Les engagements de la Couronne à propos de la découverte du trésor de Châteauneuf, 1984)
  • Vue de la salle basse de l'ancien donjon, au sommet de la motte - © Jean-Marie Jal/CECAB Vue de la salle basse de l'ancien donjon, au sommet de la motte - © Jean-Marie Jal/CECAB
  • Vue du château du banchet, construit à partir du XVIe siècle, au pied de l'ancien château. -© Gérard Cimetière/PCB Vue du château du banchet, construit à partir du XVIe siècle, au pied de l'ancien château. -© Gérard Cimetière/PCB
  • Vue du village au début du XXe siècle (avec emplacement de la motte castrale) - © Archives départementales 71
  • Copie d'un plan de 1752 avec la motte castrale de forme circulaire, entourée de son fossé, et la place d'armes quadrangulaire au bas de celle-ci (H. de Chizelle, Les engagements de la Couronne à propos de la découverte du trésor de Châteauneuf, 1984)
  • Vue de la salle basse de l'ancien donjon, au sommet de la motte - © Jean-Marie Jal/CECAB
  • Vue du château du banchet, construit à partir du XVIe siècle, au pied de l'ancien château. -© Gérard Cimetière/PCB

La forteresse royale de Châteauneuf

Le château se trouvait sur une importante motte, entourée d'un grand fossé, qui dominait le village et la vallée du Sornin. Construit par les Le Blanc, il devient une forteresse royale après le rattachement du comté de Mâcon à la Couronne en 1239. Entièrement ruiné à la fin du conflit franco-bourguignon au XVe siècle, il a conservé une partie de son enceinte et de la grosse tour du donjon (les voûtes de la salle basse). La basse-cour se trouvait en contrebas. Elle renfermait l'église romane actuelle et la ville haute, protégée par une enceinte et deux portes. S'y trouvait aussi une petite tour qui devient au XVIe siècle l'actuel château du Banchet. Un escalier situé dans une petite tour quadrangulaire permettait d'accéder au château haut.

En l'absence d'élément en élévation, l'observation de la topographie du site et les vestiges mis au jour par des fouilles archéologiques permettent d'appréhender la réalité historique d'un site. Les témoignages écrits sont à prendre avec précaution, surtout lorsqu'ils ne sont pas contemporains du sujet. Les éléments observés à Châteauneuf laissent entrevoir une importante place forte, qui pourtant a fait couler moins d'encre que celle de Dun.


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  • Ce plan de l'ancienne forteresse de Dun est une restitution proposée par Simonet en 1898. Ce plan de l'ancienne forteresse de Dun est une restitution proposée par Simonet en 1898.
  • Restitution de l'ancienne forteresse de Dun par un érudit local à la fin du XIXe siècle. Comme le plan précédent, cette restitution n'a pas pu être confirmée par l'archéologie. -© Archives départementales 71 Restitution de l'ancienne forteresse de Dun par un érudit local à la fin du XIXe siècle. Comme le plan précédent, cette restitution n'a pas pu être confirmée par l'archéologie. -© Archives départementales 71
  • Ruines de l'église de Dun avant sa restauration, à la fin du XIXe siècle - © CECAB Ruines de l'église de Dun avant sa restauration, à la fin du XIXe siècle - © CECAB
  • La chapelle de Dun aujourd'hui - © PCB La chapelle de Dun aujourd'hui - © PCB
  • Vue aérienne du sommet de la montagne de Dun. En haut, au centre, les bases de la maçonnerie du petit donjon. - © Fonds Nadel/CEP Vue aérienne du sommet de la montagne de Dun. En haut, au centre, les bases de la maçonnerie du petit donjon. - © Fonds Nadel/CEP
  • Ce plan de l'ancienne forteresse de Dun est une restitution proposée par Simonet en 1898.
  • Restitution de l'ancienne forteresse de Dun par un érudit local à la fin du XIXe siècle. Comme le plan précédent, cette restitution n'a pas pu être confirmée par l'archéologie. -© Archives départementales 71
  • Ruines de l'église de Dun avant sa restauration, à la fin du XIXe siècle - © CECAB
  • La chapelle de Dun aujourd'hui - © PCB
  • Vue aérienne du sommet de la montagne de Dun. En haut, au centre, les bases de la maçonnerie du petit donjon. - © Fonds Nadel/CEP

La forteresse de Dun

Les historiens s'intéressent très tôt à la montagne de Dun. En 1581, elle est visitée par Pierre de Saint-Julien de Balleure (1519-1593). Il mentionne l'enceinte de l'oppidum de Dunet (enceinte fortifiée de plusieurs hectares attribuable à l'époque celtique, sur le point le plus élevé de la montagne) et le village de Dun, dont il ne reste plus que l'église, le presbytère en ruine et la chapelle de Saint-Firmin. On lui montre aussi " les places où se trouvaient autrefois les 4 portes de la ville et celle des quatre chevaliers qui gardaient le fort bâti sur celles-ci ". Deux siècles plus tard, l'abbé Courtépée se rend au village de Dun avec le curé de Saint-Racho. Il indique que " Dun où il ne reste plus aucune maison, sinon une église ruinée, était une ancienne forteresse ". Il ajoute qu'elle possédait autrefois " les places de deux portes et celle des quatre chevaliers, 4 tours rondes et des murs épais, et qu'elle aurait été prise et ruinée par Philippe-Auguste en 1181 ".

L'hypothèse d'une campagne punitive et du siège de Dun par le roi de France a été ensuite diffusée et amplifiée par l'ouvrage des érudits Cucherat, Mouterde et Virey plublié en 1900. Les auteurs se fondent sur le texte du manuscrit, dit de Chevannes, qui daterait de la fin du XVIIIe siècle et aurait sans doute été rédigé par le curé du lieu. En dehors des nombreux murets en pierre sèche des parcelles agricoles des siècles derniers et de l'église, entièrement restaurée à la fin du XIXe siècle, le seul vestige visible de la place forte est le soubassement d'une petite tour aux angles arrondis, un modeste donjon situé en face de la porte de l'église, d'où partait visiblement un mur d'enceinte. Une citerne a également été mise au jour.