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Face à l'oubli : le patrimoine disparu en Charolais-Brionnais
Les thermes gallo-romains de Bourbon-Lancy Les thermes gallo-romains de Bourbon-Lancy Les thermes gallo-romains de Bourbon-Lancy

Les thermes gallo-romains de Bourbon-Lancy


Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, Bourbon-Lancy possédait un "chef d'oeuvre", "la merveille la plus entière de l'Antiquité en nostre France" (Banc, 1618) : un bâtiment thermal de l'époque gallo-romaine connu dans les textes sous le nom de "Bain royal" ou "Bain des césars".

Les eaux chaudes de Bourbon-Lancy ont été fréquentées dès la période celtique (sans que la date précise de leur découverte ne soit connue). Cinq pierres gravées (ex-votos), dédicacées à Borvo, dieu guérisseur, et à sa parèdre Damona, déesse des sources, ont été mis à jour à proximité de l'ancien bâtiment thermal. A l'époque gallo-romaine, le culte d'Appolon succède à celui de Borvo. Une agglomération se développe et des thermes sont construits. La première mention écrite se trouve dans un panégyrique de l'année 311, adressé à l'empereur Constantin par Eumène, poète et rétheur, natif d'Augustodunum (Autun). Les archives livrent peu d'informations sur les thermes au Moyen-âge. Aux XVIe et XVIIe siècles, ils connaissent leur apogée grâce aux séjours de grands personnages, dont Catherine de Médicis en 1542, puis Henri III et son épouse, Louise de Lorraine. Le roi et la reine s'y rendent régulièrement entre 1580 et 1586. Le couple royal fait restaurer les bains romains. Ils sont entièrement détruits au XVIIIe siècle, sans doute à cause des crues violentes du ruisseau du Borne, qui traverse le quartier. Deux épisodes sont attestés par les archives en 1738 et 1793. Au début du XIXe siècle, un nouvel établissement est construit. Il a été agrandi depuis à de multiples reprises.


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  • Ex-voto dédié au dieu Borvo (IIe s. ap. J.-C.) - © Claudine Massard/Autun, musée Rolin Ex-voto dédié au dieu Borvo (IIe s. ap. J.-C.) - © Claudine Massard/Autun, musée Rolin
  • Vue actuelle de la cour des thermes de Bourbon-Lancy - © Office de tourisme de Bourbon-Lancy Vue actuelle de la cour des thermes de Bourbon-Lancy - © Office de tourisme de Bourbon-Lancy
  • La cour des thermes au début du XXe siècle. A cette époque, la cour était occupée par un grand bassin de refroidissement de l'eau thermale, qui fut aménagé à l'emplacement de l'ancienne piscine du bain royal et en repris les dimensions. - © Archives La cour des thermes au début du XXe siècle. A cette époque, la cour était occupée par un grand bassin de refroidissement de l'eau thermale, qui fut aménagé à l'emplacement de l'ancienne piscine du bain royal et en repris les dimensions. - © Archives
  • Reproduction d'une vue de Bourbon-Lancy au XVIIe siècle, réalisé par Israel Sylvestre (v. 1670). On remarque au premier plan, le bain royal, et à l'arrière, devant l'ancienne église St-Léger, l'extrémité du bassin des pauvres. - © Archives départemen Reproduction d'une vue de Bourbon-Lancy au XVIIe siècle, réalisé par Israel Sylvestre (v. 1670). On remarque au premier plan, le bain royal, et à l'arrière, devant l'ancienne église St-Léger, l'extrémité du bassin des pauvres. - © Archives départemen
  • Plan des thermes de Bourbon-Lancy au XVIIe siècle (Le Mercure Galant, juillet 1681). On remarque le bâtiment circulaire abritant le bain royal avec ses niches. - © gallica.bnf.fr/Bibliothèque Nationale de France Plan des thermes de Bourbon-Lancy au XVIIe siècle (Le Mercure Galant, juillet 1681). On remarque le bâtiment circulaire abritant le bain royal avec ses niches. - © gallica.bnf.fr/Bibliothèque Nationale de France
  • Statue d'époque gallo-romaine provenant des anciens thermes de Bourbon-Lancy, conservée au musée Rolin à Autun - © Claudine Massard/Autun, musée Rolin Statue d'époque gallo-romaine provenant des anciens thermes de Bourbon-Lancy, conservée au musée Rolin à Autun - © Claudine Massard/Autun, musée Rolin
  • Essai de restitution simplifiée du bâtiment du bain royal, en coupe - © A. Michel/PCB Essai de restitution simplifiée du bâtiment du bain royal, en coupe - © A. Michel/PCB
  • Tracé du collecteur d'eau gallo-romain, d'après le relevé effectué par l'Inrap en 2017 - © PCB Tracé du collecteur d'eau gallo-romain, d'après le relevé effectué par l'Inrap en 2017 - © PCB
  • La photographie aérienne est aussi un moyen de connaître le patrimoine archéologique. Ici, on peut observer l'ancien tracé d'une route gallo-romaine (sans doute l'itinéraire Lyon-Orléans) qui desservait la cité thermale d'Aquae Bormonis. - © Alain De La photographie aérienne est aussi un moyen de connaître le patrimoine archéologique. Ici, on peut observer l'ancien tracé d'une route gallo-romaine (sans doute l'itinéraire Lyon-Orléans) qui desservait la cité thermale d'Aquae Bormonis. - © Alain De
  • Trace d'une portion d'ancienne route gallo-romaine à Bourbon-Lancy, en direction de l'est (peut-être sur l'itinéraire menant à Augustodunum) - © Jean-Marie Jal Trace d'une portion d'ancienne route gallo-romaine à Bourbon-Lancy, en direction de l'est (peut-être sur l'itinéraire menant à Augustodunum) - © Jean-Marie Jal
  • Ex-voto dédié au dieu Borvo (IIe s. ap. J.-C.) - © Claudine Massard/Autun, musée Rolin
  • Vue actuelle de la cour des thermes de Bourbon-Lancy - © Office de tourisme de Bourbon-Lancy
  • La cour des thermes au début du XXe siècle. A cette époque, la cour était occupée par un grand bassin de refroidissement de l'eau thermale, qui fut aménagé à l'emplacement de l'ancienne piscine du bain royal et en repris les dimensions. - © Archives
  • Reproduction d'une vue de Bourbon-Lancy au XVIIe siècle, réalisé par Israel Sylvestre (v. 1670). On remarque au premier plan, le bain royal, et à l'arrière, devant l'ancienne église St-Léger, l'extrémité du bassin des pauvres. - © Archives départemen
  • Plan des thermes de Bourbon-Lancy au XVIIe siècle (Le Mercure Galant, juillet 1681). On remarque le bâtiment circulaire abritant le bain royal avec ses niches. - © gallica.bnf.fr/Bibliothèque Nationale de France
  • Statue d'époque gallo-romaine provenant des anciens thermes de Bourbon-Lancy, conservée au musée Rolin à Autun - © Claudine Massard/Autun, musée Rolin
  • Essai de restitution simplifiée du bâtiment du bain royal, en coupe - © A. Michel/PCB
  • Tracé du collecteur d'eau gallo-romain, d'après le relevé effectué par l'Inrap en 2017 - © PCB
  • La photographie aérienne est aussi un moyen de connaître le patrimoine archéologique. Ici, on peut observer l'ancien tracé d'une route gallo-romaine (sans doute l'itinéraire Lyon-Orléans) qui desservait la cité thermale d'Aquae Bormonis. - © Alain De
  • Trace d'une portion d'ancienne route gallo-romaine à Bourbon-Lancy, en direction de l'est (peut-être sur l'itinéraire menant à Augustodunum) - © Jean-Marie Jal

A quoi ressemblait le bain royal ?

Le bain royal était un édifice de forme circulaire, comparé à un amphithéâtre dans les différentes descriptions qui nous sont parvenues, principalement rédigées par les médecins des eaux thermales de Bourbon-Lancy au XVIIe siècle (Aubery, Banc et Mouteau). Au centre du bâtiment se trouvait le bassin. Il était entouré de 3 à 4 rangées de marches ou gradins. Les murs étaient creusés de niches de forme rectangulaire sur la moitié du bâtiment, "pour là se rafraîchir et se reposer" (Aubery, 1604), et de niches couvertes d'une voûte en cul-de-four sur l'autre moitié, avec "un égout où tombe l'eau des fontaines dans le bain" (Aubery, 1604). Les descriptions ajoutent que le bâtiment était construit en grand appareil (assemblage de pierre de taille de grande dimension) et couronné d'un dôme. A l'intérieur, les murs étaient recouverts d'un parement en marbre blanc et noir, en jaspe et en porphyre. Une statuaire devait également occupée les niches.

Les eaux thermales de Bourbon, souterraines, étaient captées grâce à plusieurs puits (7 à l'origine) et acheminées des puits jusqu'aux différents bassins par un réseau de conduits. Parallèlement au bain royal, d'autres bâtiments de l'époque gallo-romaine ont été redécouverts : des étuves avec un système de chauffage à hypocauste (par le sol) et un grand bassin ("bain des pauvres") qui pouvait accueillir jusqu'à 500 baigneurs. De tous ces aménagements, seul subsiste aujourd'hui le collecteur ou "grand canal de vidange des eaux thermales", qui permettait l'évacuation des eaux usées en dehors de la cité. Par endroit voûté, ce canal fait environ 800 m de long, entre 1 m 66 et 1 m 90 de hauteur et entre 0,75 m et 1 m de largeur suivant les sections. Sa datation précise n'a pas pu être établie. Il a été construit, sans doute comme l'ensemble des bâtiments disparus, entre le Ier et le IIIe siècle après J.-C..


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Un peu de vocabulaire

Amphithéâtre : mot composé du préfixe grec "amphi-", qui signifie "des deux côtés" et qui désigne, dans le monde romain, une salle de spectacle circulaire avec des gradins sur tout le pourtour.

Panégyrique : discours destiné à faire les louanges d'un haut personnage.

Parèdre : mot d'origine grec, signifiant littéralement "assis à côté de" ou "près de" et désignant, dans la mythologie, une divinité secondaire dont le culte était associé à celui d'une divinité plus importante.