46154B6F-6C2C-41CF-8832-F2F86E131EE4 Created with sketchtool. Menu Villes Pays d'Art & d'Histoire
Face à l'oubli : le patrimoine disparu en Charolais-Brionnais
L'abbaye de Saint-Rigaud L'abbaye de Saint-Rigaud L'abbaye de Saint-Rigaud

L'abbaye de Saint-Rigaud


Sur la route allant du bourg de Saint-Maurice-les-Châteauneuf à celui de Ligny-en-Brionnais, environ 2,5 km avant ce dernier, se trouve un hameau appelé "L'Abbaye". Un nom qui rappelle l'existence en ce lieu d'une ancienne abbaye, celle de Saint-Rigaud. Il en reste quelques bâtiments, aujourd'hui privés.

L'abbaye Saint-Rigaud est fondée vers 1065, près de Ligny-en-Brionnais, au cœur d’une grande forêt (l’Avaize), par Eustorge, un moine bénédictin du monastère de Saint-Autremoine d’Issoire, venu en ce lieu pour vivre en ermite et renouer avec un mode de vie acétique, austère. En 1071, le pape Alexandre II reconnait l’existence de l’abbaye et délègue la nomination des abbés à l’évêque de Mâcon. L’établissement reçoit de nombreuses donations et le soutien des évêques de Mâcon et d’Autun, dans une région largement dominée par l'abbaye de Cluny et son réseau qui échappent à leur contrôle. En 1088, l’abbé Etienne de Sens quitte les lieux pour fonder un nouvel établissement en Gironde. L’abbaye disparaît des archives pendant près d’un siècle, avant d’y reparaître en 1248 avec un document faisant mention de l’abbé Nicolas. En 1251, une bulle du pape Innocent IV assouplie la règle du monastère. A partir du XVe siècle, les abbés deviennent commendataires. Ils ne sont plus élus par la communauté de moines, mais nommés par un pouvoir extérieur et ne résident plus en permanence dans l’abbaye. En 1648, par ordonnance du roi Louis XIV, Saint-Rigaud devient abbaye royale.


1
  • L'ancien site de l'abbaye sur le plan cadastral de 1825. Le parcellaire, formant un cercle irrégulier, rappelle le tracé de l'ancien mur d'enceinte et du fossé. - © Archives départementales 71 L'ancien site de l'abbaye sur le plan cadastral de 1825. Le parcellaire, formant un cercle irrégulier, rappelle le tracé de l'ancien mur d'enceinte et du fossé. - © Archives départementales 71
  • Plan de restitution de l'abbaye au XVIIIe siècle - © François Jal/CECAB Plan de restitution de l'abbaye au XVIIIe siècle - © François Jal/CECAB
  • Carte postale du début du XXe siècle avec les bâtiments conservés : le logis du prieur avec sa tour et l'auditoire de justice. -  © Archives départementales 71 Carte postale du début du XXe siècle avec les bâtiments conservés : le logis du prieur avec sa tour et l'auditoire de justice. - © Archives départementales 71
  • Vue des anciens bâtiments de l'abbaye. Les vestiges de l'ancienne porte (notamment un piédroit décoré de moulures) sont visibles. - © Collection privée Vue des anciens bâtiments de l'abbaye. Les vestiges de l'ancienne porte (notamment un piédroit décoré de moulures) sont visibles. - © Collection privée
  • L'ancien site de l'abbaye sur le plan cadastral de 1825. Le parcellaire, formant un cercle irrégulier, rappelle le tracé de l'ancien mur d'enceinte et du fossé. - © Archives départementales 71
  • Plan de restitution de l'abbaye au XVIIIe siècle - © François Jal/CECAB
  • Carte postale du début du XXe siècle avec les bâtiments conservés : le logis du prieur avec sa tour et l'auditoire de justice. -  © Archives départementales 71
  • Vue des anciens bâtiments de l'abbaye. Les vestiges de l'ancienne porte (notamment un piédroit décoré de moulures) sont visibles. - © Collection privée

Grâce aux nombreux documents conservés aux archives départementales de Saône-et-Loire (notamment une visite pastorale de 1746 et plusieurs mentions de travaux entre 1728 et 1754), l'état de l'abbaye au XVIIIe siècle est connu. L'église est romane, construite vraisemblablement à la fin du XIe siècle. Elle se composait d'une nef à trois vaisseaux, d'un transept et d'une abside. La nef était voutée et son vaisseau central possédait des fenêtres hautes (ou clair-étage), au-dessus des grandes arcades. La croisée du transept était couverte d'une coupole et supportait le clocher carré. Les bras du transept étaient également voûtés et ouvraient sur deux absidioles encadrant l'abside principale. Une porte dans le mur sud de la nef donnait accès à un cloître entouré de plusieurs bâtiments abritant la salle capitulaire, le réfectoire, la cuisine et le dortoir au-dessus. Dans la cour principale se trouvait également le logis abbatial, le logis du prieur (celui qui dirigeait le monastère au nom de l'abbé) et une dépendance agricole (avec four, pressoir, écuries, grange, grenier et colombier). L'ensemble était ceinturé d'un mur et d'un fossé. En 1767, alors que le monastère n'abrite plus que 4 moines, un décret d'extinction de l'abbaye est signé, ainsi que son rattachement au séminaire de Mâcon. Deux incendies successifs en 1778 et 1786 amènent la destruction du bâtiment agricole, du logis abbatial et d'une partie de l'église. En 1791, l'abbaye est vendue comme bien national. Il ne reste alors de l'église qu'" une chapelle dans le chœur ".

Aujourd'hui, seuls subsistent le logis du prieur, avec sa tour, l'auditoire de justice attenant et une partie de la porte de l'abbaye, le tout construit au XVe siècle et aujourd'hui entièrement restauré. Trois éléments sculptés (une console, un chapiteau et une base de colonne) ont également été remployés dans le mur d'une maison à proximité.


2

Un peu de vocabulaire

Abside : espace intérieur dans une église situé dans le prolongement du chœur et ayant un plan cintré (semi-circulaire) ou polygonale, .

Absidiole : petites absides ou chapelles secondaires ayant un plan semi-circulaire, qui encadrent le chœur et l'abside principale d'une église. Le plus souvent elles sont placées sur les côtés, au niveau des bras du transept.

Avant-nef : partie d'une église romane précédant la nef. Elle comporte deux niveaux. Dans les édifices clunisiens, l'étage était occupé par une chapelle qui servait de lieu de célébration des messes pour les défunts.

Chœur : espace intérieur d'une église, où se trouve le maître-autel.

Cloître : galerie entourant un jardin ou une cour et desservant les bâtiments de vie des moins ou des moniales.

Nef : partie de l'église entre le portail d'entrée de l'édifice et le transept ou le chœur. C'est dans cette partie que se placent les fidèles.

Transept : partie de l'église située entre la nef et le chœur, transversale à la nef et formant une croix avec celle-ci. L'intersection entre la nef et le transept est appelée la croisée du transept. Toutes les églises ne possèdent pas forcément de transept.