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Le Charolais-Brionnais, candidat au patrimoine mondial
Un bocage façonné par l'homme Un bocage façonné par l'homme Un bocage façonné par l'homme

Un bocage façonné par l'homme


Les activités agricoles et pastorales du Charolais-Brionnais se sont développées dès l'Antiquité, mais c'est à partir de la fin du XVIIe siècle qu'une économie spécialisée autour d’une race bovine d’exception se développe grâce aux conditions naturelles (géologie, climat), techniques et scientifiques (connaissance des sols et de la génétique), aux savoir-faire locaux et aux conditions socio-économiques (augmentation de la consommation de viande, proximité de débouchés urbains, amélioration des moyens de transports).

#La période médiévale, l’esquisse d’un paysage de bocage :

Au Moyen Âge, dans un environnement largement boisé, les terres cultivables dominent, dans un souci d’alimentation de la population. L’élevage bovin sert principalement à fournir de l’énergie par la traction animale ou de l’engrais pour les cultures. Les textes mentionnent d’autres élevages : mules, mulets, chevaux, moutons, pourceaux ou porcs. Des haies, principales caractéristiques du bocage, sont déjà présentes par endroits. Elles entourent les terres cultivées et bordent les chemins pour empêcher l’incursion du bétail. À l’inverse, elles sont également présentes autour des pâtures pour y maintenir les animaux. Enfin, elles entourent les bois et les zones humides. Pour autant, leur présence ne fait pas du paysage un bocage.

À l’époque médiévale, le paysage de bocage n’est donc pas réellement structuré. Il est dominé par les cultures. Les prés sont le plus souvent situés en fond de vallons. Des vignes sont présentes sur les coteaux. Le paysage est ponctué de cours d’eau et de plans d’eau. Ces derniers servent de ressources en poisson, nourriture souvent réservée pour les temps de jeûne pratiqués dans la religion chrétienne.


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  • Représentation de la nature des parcelles dans la vallée de l'Arconce, au milieu du XVIIIe siècle, d'après un plan-terrier du prieuré de Marcigny - © C. Rivals Représentation de la nature des parcelles dans la vallée de l'Arconce, au milieu du XVIIIe siècle, d'après un plan-terrier du prieuré de Marcigny - © C. Rivals
  • Répartition de la nature des parcelles dans la vallée de l'Arconce, au milieu du XVIIIe siècle - © C. Rivals Répartition de la nature des parcelles dans la vallée de l'Arconce, au milieu du XVIIIe siècle - © C. Rivals
  • Représentation de la nature des mêmes parcelles sur le cadastre napoléonien en 1825 - © C. Rivals Représentation de la nature des mêmes parcelles sur le cadastre napoléonien en 1825 - © C. Rivals
  • Répartition de la nature des parcelles en 1825 - © C. Rivals Répartition de la nature des parcelles en 1825 - © C. Rivals
  • Délimitation du territoire étudié par rapport aux limites des communes actuelles - © C. Rivals Délimitation du territoire étudié par rapport aux limites des communes actuelles - © C. Rivals
  • Représentation de la nature des parcelles dans la vallée de l'Arconce, au milieu du XVIIIe siècle, d'après un plan-terrier du prieuré de Marcigny - © C. Rivals
  • Répartition de la nature des parcelles dans la vallée de l'Arconce, au milieu du XVIIIe siècle - © C. Rivals
  • Représentation de la nature des mêmes parcelles sur le cadastre napoléonien en 1825 - © C. Rivals
  • Répartition de la nature des parcelles en 1825 - © C. Rivals
  • Délimitation du territoire étudié par rapport aux limites des communes actuelles - © C. Rivals

#La période moderne, le début de l'embocagement :

À partir du XVIIe siècle, l'herbe remplace petit à petit les cultures, favorisant ainsi le développement de l'élevage et de l'embouche. Les terres labourables restent dominantes dans le Brionnais, alors que le Charolais, lui, est dominé par les forêts. Les prés servant à nourrir le bétail sont situés dans les fonds de vallons, notamment dans le Val d'Arconce.

Au XVIIIe siècle, le couchage en herbe, c'est-à-dire la conversion des terres cultivables en prés, s'accélère. Dans le Brionnais, qui dispose de terres de qualité, le parcellaire est réorganisé. De nombreuses terres, auparavant consacrées aux labours, sont désormais des prairies d'embouche.


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Les propriétaires, pour protéger leurs héritages, clôturent leurs parcelles de pré avant même la promulgation de l'édit des États de Bourgogne de 1770-1771 autorisant les clôtures. Ces clôtures sont de différents types : les parcelles peuvent être délimitées par des murets de pierre sèche (lorsque la géologie le permet), des haies mortes (faites de bois mort, chêne, châtaignier ou autre) ou des haies vives qui fournissent aussi des ressources en bois, feuilles et fruits. Les clauses des baux obligent les propriétaires à planter des arbres fruitiers, à entretenir les haies, les rigoles et les fossés. Mais si la mise en herbe s'accompagne de la multiplication des haies, elle donne aussi lieu à des arrachages, pour l'agrandissement d'un pré par exemple.

Grâce à la richesse de ses pâturages, le Brionnais s'oriente progressivement vers l'engraissement du bétail, tandis que le Charolais et les territoires voisins fournissent le bétail maigre. Ce développement est favorisé par la croissance de la demande en viande, notamment du marché lyonnais tout proche, à partir du XVIIIe siècle. La formation du bocage se poursuit au cours de la période moderne. Dans les siècles suivants, une véritable spécialisation en herbe du territoire s'opère.


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  • © Agence d'Urbanisme Sud Bourgogne © Agence d'Urbanisme Sud Bourgogne
  • © Agence d'Urbanisme Sud Bourgogne

#La période contemporaine, la spécialisation herbagère :

Au cours du XIXe siècle, l'embouche s'intensifie et le bocage se densifie. Le phénomène s'accélère dans la seconde moitié du XIXe siècle, suite à une augmentation de la demande en viande (surtout des marchés urbains de Lyon et de Saint-Étienne) et l'arrivée du chemin de fer permettant d'acheminer le bétail plus loin avec plus de facilité. D'autres facteurs, comme les mauvaises récoltes, entre 1858 et 1898, et la baisse du prix du blé, favorisent la spécialisation herbagère du Charolais-Brionnais. Ainsi, la conversion des terres en prés se poursuit. Les éleveurs continuent de planter des haies et des arbres ou, quand cela est possible, édifient des murets afin de délimiter les parcelles et d'y parquer le bétail. Ils aménagent également des mares dans les parcelles pour abreuver les animaux et des systèmes d'irrigation pour favoriser la pousse de l'herbe. D'un paysage de polyculture constitué principalement de terres cultivées, le territoire passe à un paysage de bocage où l'herbe domine, dans la première moitié du XXe siècle.

Au XXe siècle, l'élevage naisseur se généralise à l'ensemble du Charolais-Brionnais au détriment de l'embouche traditionnelle pour répondre aux besoins des marchés étrangers, notamment italien. Toutefois, la trame paysagère du territoire n'en est pas modifiée. Le paysage de bocage se maintient, il est réutilisé et même adapté à ces nouvelles pratiques. Il ne connaît pas de modification ou de remembrement significatif.